L’art de la comédie : satire napolitaine et pouvoir mis en scène dans une préfecture

L’art de la comédie : satire napolitaine et pouvoir mis en scène dans une préfecture

L’art de la comédie : satire napolitaine et pouvoir mis en scène dans une préfecture

Cette adaptation de la pièce signée Eduardo de Filippo présente une comédie napolitaine capable de mettre en lumière les travers humains avec la verve d’un bateleur. Le récit mêle humour et observation sociale, en insistant sur les rapports entre théâtre et pouvoir.

Au lever du jour, Madame le Préfet prend possession de sa nouvelle affectation: le bureau est encore en chantier, des bâches couvrent les meubles et des dossiers s’empilent. Dans le couloir, l’adjoint lui expose la liste des notables locaux attendus en audience et un premier visiteur se tient prêt à entrer.

Oreste Campese, saltimbanque et entrepreneur de théâtre itinérant, se présente à la porte. Son chapiteau a été détruit par un incendie, et seules les costumes et les interprètes ont échappé aux flammes.

Une proposition audacieuse et ses conséquences comiques

Campese n’est pas venu solliciter une subvention: il est convaincu que sa présence peut attirer le public et remplir la salle pour la première de son nouveau projet. Le spectacle porte sur « Trou de la serrure », une série de quinze récits liés à la commune et à ses habitants, comme si chacun pouvait observer la vie des autres par le petit trou de la serrure.

Pour lancer ce plan, Campese obtient du précédent magistrat le prêt du théâtre municipal et envisage d’inviter Madame le Préfet à l’avant-première afin de booster les recettes et la notoriété de sa troupe. En parallèle, une malheureuse confusion survient lorsque l’adjoint remet à Campese la liste des notables au lieu des billets de train.

La situation se complique: Madame le Préfet signe un décret qui lui adjoint des allers simples, et Campese est momentanément écarté, alimentant une intrigue qui promet d’être plus imprévisible que prévu.

Le théâtre face à l’autorité : une leçon de mise en scène

La farce promet une réflexion sur le pouvoir du théâtre et du clown dans le rapport au pouvoir établi. En coulisses, les coups de théâtre se multiplient: une nonne excentrique, un pharmacien peu scrupuleux, un médecin tordu, un instituteur assassain et un paysan fou vont faire irruption à la préfecture. Reste incertaine l’origine de ces personnages: sont-ils de vrais habitants ou la troupe déguisée de Campese ? La fin laisse aussi planer le doute et s’applique près du ton du Grand Guignol.

Rythme, mise en scène et distribution

Sur la scène du Théâtre du Crève-Cœur à Cologny (GE), la mise en scène de Nalini Menamkat enchaîne les transformations de costumes et les jeux de rôles sans ralentir le tempo. La partition théâtrale se mêle à des airs chantés, dans un esprit proche de la comédie musicale. La distribution réunit David Casada, Laurie Comtesse, Karim Kadjar, Michel Kullmann et Sabrina Martin.

Programmation et contexte

Cette reprise de l’œuvre d’Eduardo de Filippo marque une troisième fois ces dix dernières années que le « Art de la comédie » est joué sur les scènes romandes. Le spectacle est accueilli au Théâtre du Crève-Cœur, à Cologny (GE), jusqu’au 12 octobre 2025, puis se transportera au Casino-Théâtre, Rolle (VD), du 15 au 18 janvier 2026. La critique attribue à l’œuvre une note de 4 sur 5, selon Thierry Sartoretti.